Ave,
Décidément, les expressions issues de la marine sont de celles qui me plaisent le mieux, celles qui chantonnent « emmenez-moi au bout de la terre » dans la saveur salée de quelques mots, qui happent le regard et les oreilles comme savent faire les vagues et les feuilles sur l’eau, petits bateaux.
Me voici donc installée en bord de mer, je la regarde bien en face aussi souvent que l’envie m’en prend et elle me le rend à grande claque de majesté, à gros coups de vent, de ciel sans fin beau comme un nuage et concours de bleu d’en bas en haut, loin s’en faut. Les orages sont à tomber de splendidité, la pluie en trois petit tour et puis la grêle. Loin des montagnes je me régale de ce mouvement des éléments.
Et tout n’est pas fini, évidemment. Tout n’est pas changé radicalement. Beaucoup de moi est venu dans les bagages. Ce que j’ai laissé me surprend, me déroute toujours ce qui revient toquer à la porte de mon conscient. J’ai défini mon mental et aussitôt je l’ai suspendu à prendre l’air, parce-qu’il barrait de travers, le croquant. Décembre est là et, avec lui, tous les douloureux anniversaires.
Vous viens-t-il aussi à vous, ce moment de l’an, la terrible ombre planante du bilan? Pour sûr, le regard se retourne en arrière en cette petite fin qui approche; cherche, nostalgique, le connu, le douillet, la pantoufle du sentiment dans laquelle on se blotti et qui, fidèle au poste, toujours promet que tout ira de l’avant.
Il reste à saisir que la vie est au long cours, ainsi que toute recherche du meilleur, de l’évolution, du perfectionnement, de l’élévation et tutti quanti declinat du dictionnaire des synonymes jusqu’à ce que trouve le mot symbole qui résonne à l’allant.
Je m’écoule comme l’eau au long de cette année et les vagues ont beau me crier que tout est dans le recommencemment, le gong de l’an me pousse à vouloir terminer et, me rendant compte que j’en suis fort loin, ne change pas d’un point et cherche le final, encore, autre part, et se trouve désemparé de ne savoir le trouver. Repassons sur les traces, donc, ce faisant nous sauront que, bien qu’écoulé, nous n’avons pas balayé tout ce temps en coup de vent.
Salutations.
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